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Voiture et panneaux photovoltaïques, mythe ou réalité ?

Publié le 05/04/2024

Voiture et panneaux photovoltaïques, mythe ou réalité ?

De plus en plus de personnes ont une voiture électrique et leur propre installation de panneaux solaires. Si recharger exclusivement la première avec les seconds n’est pas réaliste sur l’ensemble de l’année, les Luxembourgeois peuvent toutefois compter sur une électricité verte, selon la Klima-Agence.

Les ventes de voitures électriques explosent au Luxembourg – une bonne nouvelle alors que l’électrification du parc automobile est une condition essentielle pour atteindre les objectifs de décarbonation du pays. Mais encore faut-il que l’électricité à l’origine de la charge du véhicule soit effectivement décarbonée pour que l’électrification du parc automobile fasse tout son effet.

Or la production à partir d’énergies renouvelables a elle aussi bondi au Luxembourg, en particulier grâce la forte hausse du nombre d’installations de panneaux photovoltaïques (10.600 en 2022 contre 8.300 en 2020). Parmi celles-ci, de nombreuses centrales solaires sont installées par des particuliers à leur domicile même, et de plus en plus optent pour l’autoconsommation: fin 2022, l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) dénombrait 1.238 auto-consommateurs, qui consomment ainsi directement l’électricité qu’ils produisent.

Pas réaliste sur toute l’année

Mais est-il possible de recharger exclusivement sa voiture électrique avec l’électricité produite par sa propre installation de panneaux photovoltaïques ? « Une charge d’une voiture électrique à 100% par sa propre installation photovoltaïque pendant toute l’année n’est pas réaliste », assure Fenn Faber, le directeur de la Klima-Agence, qui accompagne et conseille particuliers et entreprises dans leurs projets d’habitat et de mobilité durable.

Prenons un domicile familial avec une installation produisant autour de 10.000 kWh par an et une voiture électrique comme la Renault Zoé nécessitant 52 kWh pour faire un plein permettant 350 kilomètres d’autonomie. Notons aussi qu’un Luxembourgeois parcourt en moyenne 40 kilomètres par jour avec sa voiture. Et que les saisons ont bien sûr un fort impact sur la capacité de production d’une telle installation photovoltaïque: celle-ci passera de 100 à 200 kWh au mois de décembre à une valeur comprise entre 1.250 et 1.500 kWh en plein mois de juin.

L’été bien plus favorable que l’hiver

De manière générale, « une production de 6 à 8 kWh sur une journée est nécessaire pour effectuer une charge permettant de faire un trajet de 40 kilomètres », évalue Sarah Juchems, responsable du département «Conseil et implémentation opérationnelle» de la Klima-Agence.

En été, en excluant les autres éléments de la maison que l’on pourrait vouloir charger grâce à son installation photovoltaïque, une telle ambition est théoriquement réalisable. « Avec 200 kilomètres par semaine de trajet domicile-travail, et avec la voiture que nous avons en exemple, 30 kWh d’énergie est nécessaire, soit une production d’une journée pendant l’été », estime Sarah Juchems. Il est donc même envisageable de recharger sa voiture un dimanche ensoleillé d’été pour le reste de la semaine de travail.

Par contre, en hiver, la donne est différente: « Avec une production de 5 ou 6 kWh par jour, on ne peut pas charger une voiture le dimanche pour la semaine d’après », remarque Sarah Juchems. Ni a fortiori la veille au soir en semaine, les journées étant courtes.

L’électricité verte au Luxembourg

Mais ce n’est pas pour autant que la recharge ne sera pas « verte ». « Un approvisionnement avec de l’électricité verte au niveau des clients particuliers est déjà une réalité au Luxembourg aujourd’hui », explique Fenn Faber, qui insiste sur le fait que « l’idée n’est pas l’autarcie énergétique ». « Même si, en hiver, je ne peux pas entièrement charger ma voiture par le biais de ma propre installation photovoltaïque, la source de mon électricité disponible à la maison provient d’autres sources comme l’éolienne et est déjà verte. Le bilan CO2 de la voiture est ainsi quand même positif », explique-t-il.

Dans le même ordre d’idées, il s’agit de favoriser des charges à différents moments de la journée, et non pas une charge unique dans la semaine à domicile. « Il faut éviter de charger la voiture une fois par semaine, mais essayer de le faire dès que cela est possible, soit à la maison, soit au travail, soit lorsqu’on fait des courses », ajoute Fenn Faber.

Par ailleurs, entre des voitures électriques toujours plus efficientes, et donc moins consommatrices, et des panneaux photovoltaïques plus puissants, les possibilités de recharge et d’autonomie s’amélioreront à l’avenir. Les batteries des véhicules électriques pourront d’ailleurs servir d’autres usages. « Il est possible d’utiliser les batteries des véhicules comme système de stockage pour alimenter la maison dans les moments où les panneaux solaires ne produisent pas l’électricité », explique Peter Recking, chargé de projets du département «Stratégie et conseil à la politique» chez Klima-Agence. « Par exemple, en télétravail, même si la voiture reste inutilisée dans le garage pendant la journée, la batterie peut être chargée avec l’électricité des panneaux solaires, puis déchargée le soir pour alimenter le four, le frigo, la télé. Ou peut-être même une deuxième voiture. »

Par Pierre Pailler

Cet article a été rédigé pour l’Autotouring paru le 25 mars 2024. Le contenu du magazine est publié en primauté pour les membres de l’ACL. Il est par la suite publié sur le site pour contribuer à une diffusion de l’information plus complète. Pour recevoir l’Autouring, en français ou en allemand, connectez-vous à myACL.